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Les pratiques journalistiques de Twitter

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Les étudiants du Master 2 professionnel Médias et Publics ont réalisé, de janvier à mars 2013, une étude sur les usages de Twitter par les journalistes. A partir d’un protocole d’observation et de collecte de données en ligne, chaque étudiant a suivi un journaliste afin de dégager les traits saillants de sa présence et de son activité sur Twitter. Ce recueil d’informations numériques a été prolongé par un entretien semi-directif en face à face qui a été retranscrit puis analysé. Au total, l’enquête qualitative a permis l’analyse approfondie des usages de Twitter auprès de 22 journalistes.

Cette étude a dégagé de premiers grands enseignements :

– L’usage de Twitter par les journalistes est essentiellement professionnel et peu d’entre eux se livrent à un usage privé de ce réseau qu’ils distinguent fortement de Facebook, par exemple.

– La veille d’information est plébiscitée par tous et donne lieu à des consultations fréquentes de leur compte ; le respect de la déontologie professionnelle est de rigueur : les journalistes veillent à ne pas mettre en cause leur média et protègent leurs sources.

– Le partage d’informations sous forme de retweets est la principale activité. Twitter est l’occasion pour chaque journaliste de diffuser une petite revue de presse personnalisée des nouvelles qu’il juge importantes dans son domaine. Cette activité de relais est largement supérieure à la production d’information originale réservée, en général, à leur média.

– Twitter élargit les sources d’information et permet parfois d’obtenir de nouveaux contacts voire, pour un petit nombre de journalistes, d’avoir accès à des témoignages inédits.

– La présence sur Twitter est perçue comme un nouvel impératif professionnel par tous les journalistes interviewés, y compris auprès de ceux qui critiquent ce réseau social; certains mettent en œuvre des stratégies, comme le buzz, pour être suivis et sont particulièrement attentifs aux statistiques de leur compte.

– Dans l’ensemble, les journalistes suivent très majoritairement des sources médiatiques et des journalistes de la concurrence ; en retour, leurs abonnés sont également majoritairement des journalistes. Twitter est donc un réseau social qui reproduit, le microcosme de la presse, voire qui l’amplifie via de nouvelles pratiques.

– Ce réseau social peut être l’occasion d’échanges conversationnels semi-publics et semi-privés entre confrères. La circulation de blagues, pétries de culture lol, est fréquente et est diversement appréciée par les journalistes.

– Les opinions des journalistes interviewés sont très controversées. Ainsi, la déferlante du flux continu d’infos sur Twitter est tout à tour perçue comme une menace pour la qualité de la production journalistique (moindre vérification des nouvelles, par exemple) ou au contraire comme un gisement d’informations et de sources inédites ; la dimension conversationnelle du réseau peut être prisée ou rejetée. Pour tous les journalistes, Twitter est devenu un réseau social qui fait désormais pleinement partie des pratiques professionnelles.